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  • Photo du rédacteurIsabelle Goupil

Y'a de la visite !

Dernière mise à jour : 5 déc. 2018


Par une belle journée de 2013, on frappe à ma porte. Je n’attendais personne. Pas d’amis, pas de parents, bref, pas de visite. Quand j’ouvre, elle est là. Devant moi. Je ne la vois pas, mais je sens qu’elle est là. C’est la douleur chronique. Elle m’envahit d’un coup. Je ne comprends pas ce qui se passe. Mon fils non plus. Mais nous apprenons très rapidement qu’on va devoir, lui et moi, composer avec cette condition souffrante et invisible qui va complètement changer ma vie, et celle de mon fils par extension. Celle de mon entourage aussi.


Et depuis, elle me suit partout. Elle m’accompagne dans mes moindres faits et gestes. En fait, elle est mon bras droit. Parce que c’est là qu’elle réside. Dans mon bras droit. Alors chaque fois que je pose un geste, elle est au-devant de moi. Elle m’habite et me devance. Elle me conditionne et m’influence.


«Comme un million de gens» chantait Dubois. Et oui, nous sommes un million de Québécois et Québécoises qui, chaque jour, doivent adapter la trajectoire de leur vie pour aller travailler, étudier, vivre, contourner et parfois affronter cette douleur qui envahit notre corps et nos sentiments.


Tant de familles souffrent en silence. Tant d’enfants cherchent dans les yeux de leurs parents un sens à ce désordre émotionnel. Car la douleur chronique n’est pas un long tunnel au bout duquel la lumière apparaîtra à nouveau sur nos vies. Elle se dresse plutôt devant nous comme une longue route sinueuse et interminable que nous devons emprunter jour après jour pour nous rendre au travail, faire les devoirs des tout-petits, les emplettes, rendre visite aux proches ou tout simplement se laisser porter par la vie.


Un jour, je me suis dit que le partage est la meilleure parade contre la douleur.


Alors j’ai imaginé un conte que j’ai intitulé « Y’a de la visite ! », à l’intention de toutes ces familles avec des enfants de 3 à 10 ans dont le quotidien est chamboulé par la douleur toujours présente, souvent invalidante et invisible d’un parent. C’est un album illustré qui met en présence Algo, le dragon, une maman et son enfant qui vivent une sorte de huis-clos familial à l’intérieur duquel ils apprendront à composer avec la douleur chronique.


La douleur chronique, c’est l’ombre qui plane sur nos vies. Celle de l’isolement, de la peur du lendemain et du sentiment d’impuissance.


Tout cela ne peut pas et ne doit pas être notre quotidien.



publié initialement sur le Huffington Post


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